Prise de bec pour Catherine Secq

Il s’en passe de drôle à Orléans, au quartier Saint-Marceau. Quand une anonyme joue au corbeau, cela ne sent pas la rose. Mais l’efficacité de la commissaire Bombardier et de son équipe arrivera à résoudre l’énigme, et le meurtre du président de la Confrérie.

Article publié sur Magcentre le 23 août 2022

Les spécialistes de l’horticulture vous le diront, il faut de tout pour faire un beau jardin. De la couleur et de la senteur, du sensuel et du charmeur, et un peu de vénéneux. Un peu comme un roman policier, en fait. Après, selon que l’on soit tendance Agatha ou émule de Manchette, fan de subtilité ou accro à l’adrénaline, on y ajoutera plus ou moins de fraicheur de ton, ou d’hémoglobine.

Catherine Secq, “orléanaise de coeur”, a décidé de prendre sa plume pour écrire des romans, après avoir consacré quarante ans de sa vie à la nature, et à l’horticulture. Elle rédige ainsi depuis 2018 des romans policiers plein d’humour et de légèreté, jouant sur de simples intrigues pour mieux peindre les caractères, comme celui de la commissaire Bombardier, son héroïne principale, qu’il vaut mieux avoir comme amie que comme ennemie. Ce qui ne nous évitera pas pour autant quelques tirades orageuses à faire plier un chêne, et déraciner un roseau. Imaginez un peu.

Poussée par d’amicales pressions, Dame Catherine a consacré la 7e enquête de cette policière haut de gamme à notre bonne ville d’Orléans, en jetant son dévolu sur le quartier Saint Marceau et sa fête de la Saint Fiacre. Un peu comme un corbeau qui plongerait sans prévenir sur un fabuleux fromage. Dame Catherine aime autant les fleurs que l’écriture à l’anglaise, et nous concocte là un savoureux mélange, à déguster bien au chaud dans un petit nid douillet. A condition de ne pas être agacé par la réception de missives dérangeantes, comme le vivent depuis des années, à la lire, les habitants du quartier.

Du polar tout sauf noir

Des poulets qui pourchassent des corbeaux : avouez que l’idée est savoureuse, non ? Cette histoire de « volailles » prend naissance à Orléans, au bord de la Loire. C’est la Saint-Fiacre, la fête de tous les jardiniers. L’église Saint-Marceau, parée de milliers de fleurs, est prête à accueillir son habituelle foule d’admirateurs. En pleine inauguration officielle, la découverte d’un cadavre au pied du bénitier fait l’effet d’une déflagration et la traditionnelle commémoration prend subitement un ton bien plus rock and roll.” Là, franchement, voilà qui intrigue, qui interpelle et qui titille. Surtout quand quelques 80 pages après le début de la chasse au corbeau, on découvre que la victime n’est autre que Jean-Eudes Rousseau, le président de la Congrégation, réputé grand séducteur, un peu comme un coq dans un poulailler. 

Ce “Chemin de crôa” multiplie les fausses pistes autant que les descriptions minutieuses de la ville et et de ses quartiers, de ses coutumes et de ses habitants, sans pour autant leur tresser trop de couronnes, ni leur voler dans les plumes. Une Dévoreuse de polar, fan de la Commissaire Bombardier, qualifiée (en mieux) “d’Agatha Raisin à la française“, y a même noté quelques locutions « aviaires » (il y en a 64), “un tour de force littéraire“. Nous pouvons en témoigner en toute innocence : elles sont en italique, arrivent fort à propos, et ne volent jamais trop bas.

Catherine Secq sera présente à la Saint Fiacre ce week-end, pour dédicacer cet ouvrage, et tous les autres. Tout comme elle devrait être présente la semaine suivante à La Ferté Saint Aubin au salon Loiret polar. Sauf si le vrai président de la congrégation l’a mise en cage pour démentir le fait que “malgré un visage et un corps presque parfait” il ait laissé “derrière lui de nombreuses frustrées“. (p 102)

À propos de l’auteur

Journaliste, photographe, auteur.