Tristes sires, etc

Célébrant à sa façon les Nouvelles Renaissances de la Région Centre Val de Loire, MagCentre accueillait le sieur Néo Triboulet en mars 2021. Habile à « débiller » l’actualité, l’incontrôlable trouvère et morosophe leur fit don de quelques chroniques très anachroniques.

MagCentre, en 2021, décline l’info autrement, et sur plusieurs tons. Celui de Néo triboulet n’est pas piqué des hannetons, et s’exprimera pendant 3 mois, soit 16 chroniques, de février à mai. En voici la première.

Par Sainte Nitouche et Saint Pansard, patrons de la folie, que mon illustre aïeul ne m’en tienne rigueur, seigneurs et gentes dames. De Triboulet (1) l’unique, j’ai bien peu hérité, sinon un patronyme, et une plume alerte, aux dires des novices.

Nouvelles Renaissances, scandent-ils à l’envie, me poussant sur la scène. En ce site me v’là, pour étaler chronique, et débiller l’actu. Attendez-vous à tout, et beaucoup plus encore. Le bouffon est railleur, et met les rois à nu.

A propos de bouffon, d’ailleurs, voilà qui m’est colère. D’aucuns, mal avisés, ont vu Outre-Atlantique, en un souverain déchu, un faux représentant de notre confrérie, alors que ce n’était qu’un vilain triste sire. Un bidet opportun a su nous l’évacuer, et notre honneur est sauf. Voilà des cousinages, même venus d’Amérique, dont on peut se passer.

D’autres, en revanche, en notre bonne ville de Blois, méritent toute attention. Perchée sur les hauteurs depuis des décennies, la Fondation du doute aurait plu à l’aïeul, elle qui en cette année, faisant fi de l’outrage d’une pandémie fauve, s’apprête à saluer les presque 60 ans du mouvement Fluxus. En cette année, dit-elle, « participez à la libération des imaginaires », proposant un programme de rendez-vous artistiques et créatifs « comme autant d’antidotes ». Voilà une incitation au non-art, à la créativité et autres fariboles jubilatoires dont certain.e.s souverain.e.s et autres dirigeant.e.s devraient bien s’inspirer.

Le manque d’inspiration essouffle aussi nos médias préférés, victimes de réseaux qui le sont beaucoup moins. Et le Monde entre en transe, bannissant des pingouins un peu trop bouffonnant, faisant d’un exquis mot un propos trop glaçant. Gorce s’en est allé, la pente était glissante. Et l’humour en pâtit.

Mais les tristes sires seront toujours perdant face aux joyeux lurons qui moquent leurs travers. Quand l’occasion nous vient de débiller (2) un roi, démasquant la posture, point ne faut s’en priver, tout manant que l’on est. Voilà qui me motive, quitte à m’éloigner de mon arbre, en cet an centenaire, si cher à l’ami Georges. A très bientôt, mes cousins.

Néo Triboulet

  •  : Triboulet fut le bouffon le plus célèbre de l’histoire de France. Natif de Blois, il fréquenta successivement la cour de Louis XII et de François 1er, qu’il nommait « mon  cousin ». Une rue de la ville porte son nom.
  •  : Débiller, terme du patois solognot signifiant déshabiller.
À propos de l’auteur

Journaliste, photographe, auteur.